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Mythe ou réalité : n’utilisons-nous vraiment que 10% de notre cerveau ?

28
August
2025
Mythe ou réalité : n’utilisons-nous vraiment que 10% de notre cerveau ?

Aux origines d’un mythe populaire

Ce mythe d’une utilisation partielle du cerveau, 10% étant la valeur majoritairement citée et attribuée à Freud ou Einstein, a été exploitée dans différents genres mélangeant fiction et science : Lucy, de Luc Besson ; Limitless, de Neil Burger ; Inception, de Christopher Nolan ; les auteurs Dan Brown et Bernard Weber relayent également ce mythe dans leurs livres sans l’étayer de preuves scientifiques.

À son origine, ce sont deux psychologues de Harvard (William James et Boris Sidis), dans les années 1890, qui utilisaient les termes « réserve d’énergie » et l’expression « les hommes ne connaissent peut-être qu’une fraction de leur potentiel mental ».

Les neurosciences prouvent le contraire

L’expérience des deux psychologues indiquaient que l’enfant de Boris Sidis, prénommé William Sidis, était réputé pour avoir un QI (Quotient Intellectuel) entre 250 et 300. Il était entré à l’université d’Harvard à 11 ans, parlait 40 langues, et était expert dans tous les domaines. Cependant une bonne partie de ses capacités relevaient de la fiction, et le manque cruel de fiabilité des tests de QI (à cette époque comme à la nôtre) n’arrangeait rien.

D’ailleurs, Boris Sidis fustigeait sans prendre de gants les tests d’intelligence de l’époque, qu’il jugeait littéralement stupides. Sidis n’évoqua d’ailleurs jamais le QI de son fils mais se basa sur ses capacités observables, comme son talent pour les langues et les mathématiques. Un réexamen des tests de QI de l’époque classe William Sidis comme une personne « normale », sans amoindrir pour autant ses prouesses académiques. Ses capacités ont été exagérées dans le but de valider la théorie de William James et Boris Sidis, prétendant que les capacités du fils étaient directement liées aux expériences réalisées par les deux hommes.

Ce concept erroné pouvait sembler plausible ; en effet, les connaissances et technologies limitées de l’époque, couplées à la complexité de certaines fonctions cérébrales, engendraient une difficulté pour les médecins à déceler les répercussions réelles des lésions cérébrales. Ils pouvaient penser que des parties du cerveau n’étaient pas utilisées, car les lésions ne semblaient entraîner aucune conséquence visible.

Il n’en fallu pas plus à Lowell Thomas pour exposer à sa façon cette théorie de « réserve d’énergie » intellectuelle dans la préface d’un livre de Dale Carnegie, How to win friends and influence people (Comment avoir des amis et influencer les gens). Pour faire de la théorie un concept plus « sexy », il publia un pourcentage qui ne reposait sur rien et bien vite, le mythe se répandit, d’autant plus facilement que l’ouvrage de Carnegie deviendra un véritable best-seller.

Pourquoi le mythe des 10% persiste encore ?

Avec l’émergence des neurosciences, il a été prouvé que ce mythe est faux. Les nombreuses aires du cerveau peuvent s’activer et être observées. Elles ne s’activent pas toutes simultanément, cependant elles sont toutes utiles en fonction des contextes, par exemple, le cerveau utilise en moyenne 15% de sa capacité au repos et jusqu’à 30% lorsqu’il raconte une histoire.

N’oubliez pas que votre cerveau est un grand consommateur d’énergie, à lui seul, il représente en moyenne 2% de la masse mais consomme 20% de l’énergie produite par le corps. C’est pourquoi, un cerveau qui utiliserait 100% de ses capacités serait difficile à alimenter.

Entraîner son cerveau : oui, mais intelligemment

Enfin, dans le cas de maladies cérébrales, les cellules du cerveau qui ne sont pas utilisées ont tendance à dégénérer. Si 90% du cerveau était inactif, toutes les autopsies d’adultes à travers l’histoire auraient révélé une dégénérescence majeure, ce qui n’est pas le cas. Tout élément non utilisé par le corps tend à disparaître (les poils, les dents de sagesse etc.). Si des zones du cerveau n’étaient jamais utilisées, celles-ci auraient été supprimées par l’évolution.

Imaginez ! Avoir un cerveau plus efficace et plus petit aurait été un avantage sélectif sans précédent, et les 90% non utilisés du cerveau humain auraient été éliminés par sélection naturelle. Il est donc impossible de décupler vos capacités cérébrales du jour au lendemain, cependant, le cerveau humain possède encore des secrets, et l’entraîner peut s’avérer utile.

Aujourd’hui, la principale raison qui entretient cette affabulation, c’est le profit. Celui engendré par les marchands de miracles ; effectivement, de nombreux médiums, voyants et parapsychologues l’ont intégré à leurs discours et y ont recours pour expliquer des phénomènes étranges ou de prétendus pouvoirs psychiques. Ainsi que le profit engendré par la fiction. De nombreux films et séries se basent sur cette idée fausse pour fournir au monde de l’audiovisuel nombre de scénarios à la qualité discutable. Les fantasmes d’un éveil du potentiel cérébral promettent dans la plupart des cas des pouvoirs surnaturels (Il n’y aurait là rien à redire si cela restait du domaine de la fiction).

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