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Le rôle des chunks dans le processus de mémorisation

16
January
2018
La mémoire est a minima le processus qui permet de stocker et retrouver une information – plus ou moins fidèlement – en l’absence de l’information originale. Elle peut être temporaire (mémoires sensorielle, à court terme, de travail) ou quasi-permanente (mémoires à long terme), ou selon certains psychologues, ne former qu’une seule entité, un seul construit. Dans tous les cas, le stockage d’une information peut être considérablement amélioré par le biais d’une opération que l’on fait plus ou moins consciemment : le chunking.

Qu’est-ce qu’un chunk ?

Un chunk est une information qui combine d’autres informations de manière à leur donner un sens. A ce titre, « psychologie » est le chunk de « hgpcolsoyei » ; « je suis passionné par le cerveau » est le chunk de « cerveaupassionnésuislejepar » et le carré est le chunk de 4 segments de droite consécutifs qui se rejoignent en angles droits.

Le concept de chunking a été introduit par le psychologue Miller en 1956 et repris par Baddeley en 1980. Ce concept est fortement associé à la mémoire à court terme, dont la capacité moyenne serait de traiter 7 chunks ± 2. En 2005, Cowan estime que si on empêche un individu de créer des chunks, la capacité de sa mémoire à court terme – son empan mnésique – est de 4.

Aujourd’hui, le concept de mémoire à court terme est de plus en plus abandonné au profit du concept de mémoire de travail, même si certains psychologues les distinguent toujours alors que d’autres ont une vision unifiée de la mémoire. En réalité, diviser la mémoire en catégories permet de l’étudier plus facilement et s’appuyer sur les études qui ont déjà été réalisées sur le sujet.

Que l’on parle de mémoire à court terme ou de mémoire de travail, ces mémoires temporaires ont pour fonctions de transférer les informations à la mémoire à long terme, et d’aller chercher ces informations quand on en a besoin. Dans tous les cas, elles sont au coeur des apprentissages.

En 2001, Cowan puis Gobet ont spécifié la notion de chunk :
– c’est une combinaison d’éléments ;
– ces éléments doivent être fortement associés entre eux par la création d’un sens ;
– ces éléments doivent être faiblement associés aux autres chunks, de manière à les distinguer.

Le chunk par l’expérience

Les individus qui font preuve d’une performance cognitive exceptionnelle ont toujours intéressé les chercheurs, en envisageant que ces performances soient dues à des capacités hors normes, et/ou à des stratégies particulièrement efficaces.

Le chunking appartient à ces dernières, employées par les mnémonistes, les joueurs professionnels d’échecs, les sportifs de haut niveau, les étudiants brillants, ou encore les experts de tous métiers.

Assurons-nous de l’efficacité du chunking par l’expérience suivante.

Soit la suite de 54 lettres :

FCBIIANACOSANSACAORFAAPEPNYSIANGIANNASOIBMSAMSNTUNGSYO

Impossible à mémoriser telle quelle n’est-ce pas ?

Divisons-là en 3 chunks, un pour les agences de l’administration américaine, un autre pour les marques de soda, un autre pour les marques d’électronique.

FBI-CIA-NASA-NSA
COCA-FANTA-PEPSI-ORANGINA
SONY-IBM-SAMSUNG-SANYO

Notons que FBI est déjà le chunk de Federal Bureau of Investigation. Si on ne connait pas cette administration, cette suite de 3 lettres n’est pas un chunk, puisqu’elle n’a alors pas de sens. Le chunk est donc personnel ou partagé par un groupe culturel.

De ces 3 chunks, on ne va en faire qu’un : ASE (A pour administration américaine ; S pour soda ; E pour électronique).

Pour renforcer le processus de mémorisation (1. encodage 2. stockage et consolidation 3.récupération), je vais associer ASE à Asie du Sud-Est, Aide Sociale à l’Enfance, à gymnase, tyrosinase et à n’importe quelle information qui appartienne à mon stock culturel et qui par conséquent est solidement ancrée dans ma mémoire à long terme et ne nécessite aucun effort supplémentaire.

Puis je vais générer une image mentale visuelle dynamique, par exemple une gymnaste chinoise en train de faire un salto arrière (ase+gymnase), ou l’image d’un albinos (tyronase) que j’ai croisé en Afrique. En accordant un caractère distinctif à cette image mentale, je vais considérablement renforcer la mémoire des chunks.

Ensuite, toutes les fois que je penserai à ASE(3 lettres), je penserai aux 54 lettres qui en découlent.

On remarquera au passage que plus on apprend (tous les sujets sont importants et intéressants, même s’ils ne sont pas valorisés socialement), plus notre stock culturel (nos connaissances) est important, plus on est efficace à effectuer les associations entre le nouveau (ce qui est à apprendre et retenir) et l’ancien (ce qui est déjà retenu) et plus on est efficace à aller chercher ces informations, et plus on est créatif.

On notera également qu’optimiser la mémoire par les chunks peut être l’objet d’une formation spécifique, et est bien entendu tributaire d’une pratique régulière.

Concevoir des formations e-learning efficaces en intégrant les chunks

Connaître le processus du chunking ne peut pleinement s’envisager que dans la connaissance plus générale de la mémoire et du cerveau apprenant, objets fondamentaux de la neuropédagogie.

De même, la conception de formations e-learning efficaces ne peut se réduire à « un livre qui parle » mais doit intégrer la manière dont le cerveau traite les informations, les stratégies qu’il emploie pour libérer des ressources cognitives, forcément limitées.

On peut laisser l’apprenant faire ses propres chunks, avec plus ou moins de bonheur selon l’individu, mais on peut aussi les intégrer aux formations numériques afin de faciliter la mémorisation des éléments enseignés et diminuer le temps de formation.

On rationaliserait ainsi l’une des formules-clefs de l’apprentissage : Ressources cognitives – charge cognitive = disponibilité cognitive

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